Comment les questions environnementales deviennent-elles des problĂšmes publics et politiques.
Introduction :
mise Ă lâagenda politique : processus qui vise Ă transformer un problĂšme donnĂ© en un problĂšme public qui fera lâobjet dâune dĂ©cision politique
DEFINITION
Action publique : Action menée par une autorité publique afin de traiter une situation perçue comme un problÚme.
A. Dans un premier temps, diffĂ©rents acteurs contribuent Ă faire Ă©merger les questions environnementales dans le dĂ©bat publicâŠ
Les différents acteurs concernés
âŠentretiennent des relations de coopĂ©rations et de conflit.
Video 1 Video 2 Video 3 Acteurs Ă©chantillons reprĂ©sentatifs de la population/ citoyens tirĂ©s au sort citoyennes mobilisĂ©es dans le cadre dâune ONG (just stop oil) citoyen/nne (jeunesse) et Etats (PP) Cadre de la situation convention citoyenne (initiĂ©e par les PP pendant 6 week- end discussions avec expert, question environnementale) musĂ©e (atteinte Ă une oeuvre dâart) attirer lâattention en simulant dĂ©gradation (soupe) la tribune de lâONU Nature des relations entre les acteurs. coopĂ©ration : experts, PP, citoyens conflits ; citoyens Ă©nervĂ©s = dĂ©sobĂ©issance civile (enfreint les rĂšgles en militant conflit institutionnalisĂ©e (mise en cause juridiques des Etats)
synthĂšse du I - A
Les acteurs mobilisĂ©s dans lâĂ©mergence des actions publiques sont : âą Les pouvoirs publics: Ensemble des administrations publiques locales (ex. commune), nationales (ex. gouvernement) et internationales (ex. UE, ONU) impliquĂ©es dans lâĂ©laboration et la mise en Ćuvre de politiques publiques. âą Des partis politiques, qui sont des organisations militantes en quĂȘte de siĂšges Ă©lectoraux afin . dâexercer directement le pouvoir politique (ex : BELV mais aussi les autres partis qui se sont emparĂ©s de ces questions) âą La sociĂ©tĂ© civile organisĂ©e : Câest lâensemble des acteurs collectifs qui interviennent dans le dĂ©bat public et tentent dâinfluencer les dĂ©cisions des pouvoirs publics. (La sociĂ©tĂ© civile organisĂ©e reprĂ©sente tout le monde sauf lâEtat.)
Elle est composĂ©e : o de mouvements citoyens (ex : marche des jeunes pour le climat encouragĂ©e par Greta Thunberg) o dâassociations o dâentreprises o dâexperts (scientifiques, juristes⊠= personnes considĂ©rĂ©es comme lĂ©gitimes pour juger de quelque chose en raison de leurs connaissances, ex. GIEC = Groupe dâexperts intergouvernemental sur lâĂ©volution du climat) o dâOrganisation Non-Gouvernementale: associations ayant un champ dâaction international, Ă but non lucratif, au service de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral (environnement, droits de lâhomme, lutte contre la pauvretĂ©âŠ), indĂ©pendantes des Etats ou autres institutions publiques.
Les acteurs des questions environnementales peuvent dĂ©velopper des relations de coopĂ©ration : Comportement oĂč chacun poursuit ses intĂ©rĂȘts en prenant en compte ceux des autres, ou agit au nom dâintĂ©rĂȘts communs avec dâautres, pour coopĂ©rer, agir ensemble. relations de conflit: Affrontement entre des acteurs sociaux aux intĂ©rĂȘts et/ou valeurs distincts. Dans un Ă©tat de droit, les conflits sont encadrĂ©s par des rĂšgles (ex. dĂ©clarer une manifestation en prĂ©fecture avant son dĂ©roulement). âą Mais les rĂšgles sont parfois outrepassĂ©es, comme dans le cas de la dĂ©sobĂ©issance civile (cf. vidĂ©o 2 ou encore opposition aux bassines gĂ©antes dans la Vienne). âą Autres exemples de relations conflictuelles : grĂšves, manifestations, saisine de tribunaux ou des autoritĂ©s compĂ©tentes (cf. exercice 2).
Remarque : Etant donnĂ© la nature diverse des acteurs, il y a souvent Ă la fois coopĂ©ration et conflit. Ex : Entre ONG et entreprises basĂ©es sur les Ă©nergies fossiles. Les ONG sâopposent mĂ©diatiquement et juridiquement Ă ces entreprises mais, en plus, elles font du lobbying auprĂšs dâelles pour les inciter Ă faire Ă©voluer leur stratĂ©gie de dĂ©veloppement Ă©conomique. Par exemple, le WWF (World Wildlife Fund - Fonds mondial pour la nature) « travaille » avec 1 000 multinationales afin dâaligner leur modĂšle Ă©conomique sur lâAccord de Paris (et limiter le rĂ©chauffement climatique Ă 2°C).
Une fois que les questions environnementales sont mises Ă lâagenda politique, des dĂ©cisions politiques peuvent ĂȘtre prises Ă diffĂ©rentes Ă©chelles â suite du chapitre. B-) Puis dans un second temps, les questions environnementales prennent place dans lâagenda publique et deviennent un enjeu de lâaction publique.
La mise Ă lâagenda politique national et international de la prĂ©servation de lâenvironnement aboutit Ă diffĂ©rentes formes dâaction publique : âą CrĂ©ation dâinstitutions. Par exemple: o crĂ©ation dâun MinistĂšre de lâenvironnement en France en 1971 o crĂ©ation dâune branche dĂ©diĂ©e aux questions environnementales Ă lâONU (PNUE : Programme des Nations-Unies pour lâenvironnement) en 1972 o crĂ©ation du principe des COP en 1992 et premiĂšre COP en 1995 âą Mise en place de politiques publiques Ă lâĂ©chelle locale, nationale et internationale, voire mondiale. Les actions publiques peuvent ĂȘtre mises en place via un arsenal lĂ©gislatif, exĂ©cutif ou judiciaire par : o des collectivitĂ©s territoriales (municipalitĂ©s, dĂ©partements, rĂ©gions) o les gouvernements o en concertation avec dâautres pays grĂące Ă des accords internationaux comme lors des COP (ConfĂ©rence of Parties)
Lâaction publique environnementale prend souvent la forme de mesures dĂ©crĂ©tĂ©es au niveau national. Mais lâaction publique environnementale doit souvent ĂȘtre adaptĂ©e aux spĂ©cificitĂ©s locales. Tout pays est en effet composĂ© dâespaces trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes qui diffĂšrent Ă la fois par la nature des Ă©cosystĂšmes qui y sont prĂ©sents, les caractĂ©ristiques gĂ©ographiques du milieu, mais aussi les traditions et la culture de leurs habitants.
En Bretagne par exemple, oĂč les Ă©levages de viande industrielle sont parmi les plus nombreux de France, câest surtout la thĂ©matique de la pollution de lâeau (nappes phrĂ©atiques, riviĂšres) qui constitue un enjeu environnemental. Dans la rĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte dâAzur, le climat et la proximitĂ© avec la MĂ©diterranĂ©e attirent une population toujours plus nombreuse, ce qui entraĂźne une urbanisation accrue du territoire et donc des risques pour la sauvegarde des paysages et de lâenvironnement.
Les enjeux environnementaux et les mobilisations quâils suscitent varient donc fortement dâun territoire Ă lâautre ; cela explique lâimportance de lâĂ©chelle locale dans lâaction publique.
A lâinverse, les problĂ©matiques environnementales dĂ©passent aussi les frontiĂšres locales ou nationales puisquâelles peuvent affecter plusieurs pays, voire lâensemble de la planĂšte ; elles nĂ©cessitent donc un traitement politique Ă lâĂ©chelle internationale. En matiĂšre environnementale, lâaction publique internationale se dĂ©ploie donc Ă travers diverses institutions (PNUE, COP, GIECâŠ) et conventions (protocole de Kyoto de 1997, Accord de Paris de 2015) qui permettent Ă la fois dâalerter, de diffuser des connaissances, de soutenir financiĂšrement des projets environnementaux mais aussi de fixer des objectifs en coordonnant lâengagement des Ătats.
LâUnion EuropĂ©enne a Ă©tĂ© pionniĂšre dans la mise en place de mesures environnementales (Charte europĂ©enne de lâenvironnement et de la santĂ© en 1989, marchĂ© europĂ©en pour limiter les Ă©missions de CO2, paquet Ănergie-climat de 2014..).
Lâaction publique articule ces trois niveaux suivant deux logiques diffĂ©rentes : âą Dans lâapproche descendante, une dĂ©cision est prise collectivement au niveau international avant dâĂȘtre appliquĂ©e au niveau de chaque pays. âą Dans lâapproche ascendante, les propositions et dĂ©cisions Ă©manant cette fois de la base, câest-Ă -dire des pays eux-mĂȘmes; le sommet (institutions et confĂ©rences internationales) nâa alors plus quâun rĂŽle de chambre dâenregistrement ou de transmission entre les diffĂ©rentes parties prenantes.
LâAccord de Paris Ă lâoccasion de la COP21 (2015) a reposĂ© sur ce type dâapproche. Il ne sâagit plus dâimposer aux pays un effort de rĂ©duction des Ă©missions de GES : une trajectoire globale de rĂ©duction est fixĂ©e, et on laisse chaque pays dĂ©cider par lui-mĂȘme de sa contribution. Cela permet de tenir compte des diffĂ©rents contextes nationaux. Câest cette flexibilitĂ© qui a permis dâobtenir des engagements dâun nombre sans prĂ©cĂ©dent de pays (196 pour lâAccord de Paris).
SynthĂšse du I - B.
Les actions en faveur de lâenvironnement menĂ©es par les pouvoirs publics sâarticulent Ă diffĂ©rentes Ă©chelles En France, les collectivitĂ©s locales (communes, dĂ©partements et rĂ©gions) disposent de nombreuses compĂ©tences en matiĂšre dâamĂ©nagement du territoire, dâinfrastructures publiques et de protection des Ă©cosystĂšmes. Au niveau national, lâEtat agit dans de nombreux domaines, plus largement, lâ Union EuropĂ©enne et les traitĂ©s internationaux engagent les pays dans une collaboration plus Ă©troite en faveur de lâenvironnement, dans un contexte de mondialisation (ou coopĂ©ration) et dâinterdĂ©pendance.
SynthĂšse de la partie 1
Ainsi, certaines questions environnementales comme la pollution, le dĂ©rĂšglement climatique ou encore les atteintes Ă la biodiversitĂ© ne sont devenues des problĂšmes publics que lorsque des acteurs leur ont confĂ©rĂ© une dimension collective en menant diverses actions et que ces actions ont conduit Ă une mise Ă lâagenda politique de ces enjeux. Alors enfin a-t-on assistĂ© Ă la mise en place dâactions politiques Ă diffĂ©rentes Ă©chelles.
II Les instruments utilisés par les pouvoirs publics face aux changements climatiques.
Le changement climatique est une externalitĂ© nĂ©gative de la croissance sur lâenvironnement. Une externalitĂ© nĂ©gative est une dĂ©faillance de marchĂ© qui requiert une intervention des pouvoirs publics qui mettent en place des politiques climatiques.
A-) Avantages et limites des différents instruments
La réglementation
rĂ©glementation : lâensemble des normes imposĂ©es par les PP afin de contraindre les agents Ă©conomiques Ă adopter des comportements qui Ă©mettent moins de GES (gaz Ă effets de serre)
exemples : o directives europĂ©ennes o lois nationales o arrĂȘtĂ©s ou circulaires ministĂ©riels
Ne pas respecter une norme entraĂźne des sanctions financiĂšres (amendes) ou juridiques. Appliquer une mesure rĂ©glementaires signifie fixer des normes. On en distingue 3 types : o Les normes dâĂ©mission : plafond maximale Ă ne pas dĂ©passer ( ex: moteur automobile qui on un seuil max de gramme de CO2/Km) o Les normes de procĂ©dĂ©s : obliger une entreprise Ă produire dâune certaine maniĂšre et interdire certaines autres (ex: interdiction dâutiliser de lâamiante dans les constructions.) o Les normes de produits : obliger une entreprises Ă modifier ses produits (ex: en vue dâune rĂ©duction des gaz Ă effet de serre en les rendant facilement recyclable.)
Avantages de la rĂ©glementation (exemple avec le carburant) Instrument contraignant (obligation de rĂ©sultats) facile Ă mettre en oeuvre (voter une loi) sâapplique facilement Ă lâinternationale (constructeur du monde entier obligĂ© de respecter les normes europĂ©enne pour vendre en europe) peut entrer en vigueur rapidement
Limites de la réglementation (exemple avec le carburant)
paradoxe de Jevons (la moindre consommation de carburant par un vĂ©hicule risque dâĂȘtre compensĂ©e par un usage plus intensif du vĂ©hicule.)
concernant les normes de procĂ©dĂ©s si les entreprises les trouvent trop contraignantes, celles-ci peuvent ĂȘtre tentĂ©es de dĂ©localiser leurs productions Ă lâĂ©tranger.
les agents Ă©conomiques ne sont pas incitĂ© Ă faire mieux que ce quâimpose la norme
le contrĂŽle par les pouvoirs publiques du respect des normes quâil Ă©dicte est difficile et coĂ»teux (ex: Dieselgate, en 2015 on a dĂ©couvert que Volkswagen vendait des voitures qui ne respectaient pas les normes dâĂ©missions entre 2009 et 2015)
Les subventions publiques Ă lâinnovation verte
Subvention Ă lâinnovation verte (SIV) : aides matĂ©riels et financiĂšres Ă destination des acteurs Ă©conomiques pour les inciter Ă adopter des comportements favorables Ă la prĂ©servation de lâenvironnement en particulier pour les inciter Ă innover.
Pourquoi la SIV est nécessaire?
Car lâinvestissement Ă©cologique est une externalitĂ© positive. Câest une action coĂ»teuse qui bĂ©nĂ©ficie Ă lâensemble de la collectivitĂ© mais que les entreprises hĂ©sitent Ă rĂ©aliser car son coĂ»t rĂ©duit leur compĂ©titivitĂ© et rĂ©duit leurs profits. Face Ă cette dĂ©faillance du marchĂ© les PP rĂ©compensent les entreprises qui innovent par des subventions (Agence de lâenvironnement et de la maĂźtrise de lâenergie âADEME)
Avantages de la subvention : (exemple avec CIR et Programmation investissements dâavenir. Le CIR est une subvention post-innovation et le programme investissements dâavenir est une subvention prĂ©-innovation) compensent les difficultĂ©s que ces entreprises peuvent avoir pour se financer auprĂšs des banques incite lâentreprise Ă innover quand elle risques dâĂȘtre dĂ©couragĂ©e en ca dâĂ©chec ou de manque de retour sur investissement (corriger la dĂ©faillance du marchĂ© de type externalitĂ© positive) bien accueilli par les agents Ă©conomiques
Limites/Inconvénients de la subvention
coûteuse
risque dâaubaine (= subventionner une entreprise qui avait de toute façon prĂ©vu dâinnover) = mauvaise allocation des ressources
ne pousse pas les acteurs Ă©conomiques Ă faire le mieux possible et nâimplique pas dâobligation de rĂ©sultat.
DEFINITION
Taxation : PrĂ©lĂšvement fiscal obligatoire effectuĂ© par lâEtat et destinĂ© Ă inciter les acteurs Ă©conomiques Ă modifier leur comportement.
(ici en faveur de la préservation du climat) La taxation écologique est basée sur le principe de pollueur-payeur : plus on pollue, plus on paie ; moins on pollue moins on paie. A ne pas confondre avec les amendes en cas de non-respect des normes.